L'ère de la photocopieuse
Plus de rassemblement, plus d’activités de fans
BD Expo
EPITA
Cartoonist
Japan Expo
Harajuku
Le rôle d’Internet et des nouvelles technologies


L'ère de la photocopieuse (1999 à 2005)

J’ai choisi de délimiter cette ère à l’apparition massive de fanzines imprimés par internet. Les objets ont changé de forme (certaines techniques précédemment hors de prix deviennent accessibles) et l’expression « faire un fanzine » a changé de sens. L’ère de la photocopieuse est un gros morceau : il s’agit d’une période très prolifique, on va donc la re-découper en plusieurs parties pour mieux l’appréhender.

La communauté des fans de mangas et de japanimation est bien constituée. Sa culture commune va s’enrichir durant cette période par la diffusion à la télévision de :

Côté grand écran, les animéfans vont au cinéma massivement pour voir les films suivants qu’ils citeront dans leurs fanzines (surtout dans ceux qui pratiquent la parodie) :

Pendant ce temps dans les libraires, Tonkam continue de sortir des titres de Tsukasa Hôjô (à qui beaucoup de fanzines consacreront un dossier). F Compo sort en France en 1999 (manga JP 1997). Même chose pour I’s de Mazukazu Katsura (manga JP 1997 / FR Tonkam 2000), chouchou des fanzineux.

Les fans qui n’ont pas lu le manga Angel Sanctuary (JP 1994 / FR Tonkam 2000) de Kaori Yuki, le découvrent lors des cosplays où plusieurs groupes incarnent des personnages de cette série. Graphiquement, beaucoup de dessinatrices vont étudier les arts books de la mangaka. Je crois que ce titre fait partie de ceux qui ont mis en lumière le clivage Shojo/shonen.

A propos de Shonen : One Piece n’est pas encore un phénomène quand il sort chez Glénat en 2000 (JP 1997), mais il trouve rapidement un lectorat. Hunter X Hunter (manga JP 1998 / 2000) qui sort la même année, est plus attendu car la série est signée par Yoshihiro Togashi, l’auteur de Yu yu Hahusho. Des Kurapika1 plus ou moins réussis se baladent dans nos conventions.

Il y a des effets de mode et il y a des œuvres qui laissent des traces durables. C’est le cas de Zetsuaï (manga JP / FR 2001) dont la sortie a fait parler les fans. Les dessins de Minami Ozaki pousse le trait aérien du shojo à l’extrême. Les visages sont anguleux et les décors inexistants. Ce traitement graphique était déstabilisant et pouvait gêner la lecture. Nécessairement, la publication de ce manga yaoï pose la question de la réception française d’une romance homosexuelle. Ce genre n’est-il pas une spécificité japonaise ? Le lectorat français peut-il s’intéresser à ce type d’histoire ? Zetsuaï fait partie des paris pris par les éditions Tonkam.

Encore une fois, il y a moult fanzineux pour se pencher sur ce phénomène et c’est à partir de la publication de Zetsuaï en France que le yaoï va se développer.

GTO (manga JP 1997 / FR 2001) fait rigoler tout le monde, mais curieusement il marque moins les productions amateurs (j’ai dit moins, je n’ai pas dit pas du tout). Par contre, je connais au moins deux profs qui me disent qu’ils ont choisi ce métier à cause / grâce à ce manga...

En 2002, Ataka/Delcourt sort ses premiers mangas, lors du festival Delcourt, à Bercy Village. C’est donc à l’ombre des fanzines exposants dans un parc parisien qu’on fait la connaissance des héros de Fruits basket (manga JP 1998 / FR 2002).

Nana (manga JP 2000 / FR 2002) est moins une surprise car cela faisait un bout de temps que des fanzines parlaient des œuvres de Aï Yazawa.

2002, c’est aussi l’année de la publication de Naruto (manga JP 1999) chez Kana. C’est un cas un peu particulier car c’est une série qui a particulièrement bien circulé sur internet (scantrad). Beaucoup de gens me disaient qu’ils lisaient les chapitres en avance sur internet. Visiblement, cela a créé une attente. Sur les conventions, « fan de Naruto » va devenir le synonyme de « jeune génération », voire de « gamin monomaniaque ». Cette série sera le symbole d’un fossé générationnel. Ce qui n’empêche pas à des anciens d’apprécier la série. Certains lui préfèreront Bleach (manga JP 2002 / FR 2003) qui fait plus rebelle (et dont le héros est moins jeune). Personnellement, c’est parce que des fanzineux consacraient beaucoup de fanart à cette série que je m’y suis intéressée (merci à eux, c’était cool). En regardant, les photos de conventions, je me rends compte que l’année « Naruto » a incontestablement été 2005 (tous les fanzineux portent des bandeaux2 ou se dessinent des marques issues de la série).

La raison d’être des fanzines n’est plus aussi évidentes que dans les années précédentes et les conventions coûtent chers. Les fanzineux vont donc tout naturellement développer les goodies et le fanart. En effet, les fanzines se vendent de moins en moins (sauf ceux qui mettent en couverture la série à la mode ou DBZ) et de tout façon, ils sont souvent vendu à perte. Dans les échanges entre fanzineux, on échange sur ces sujets et très vite tout le monde se met à proposer des cartes et des posters. Le fanart est aussi une façon d’attirer le public sur son stand. A l’époque, c’était critiqué. Je me souviens qu’en 2005 sur le festival GAME in Paris, un fanzineux dépité par les jeunes fans de Naruto qui ne s’approchent pas de son stand a fait un dessin de ce personnage de manga (en couleur !). Ça marche tout de suite : un jeune garçon vient le voir pour savoir combien coûte le dessin. Le fanzineux répond que le dessin n’est pas à vendre, mais que s’il lui prend un fanzine, il lui donnera comme dédicace. Le gamin hésite puis refuse. Le fanzine coûtait 2,5€.

La première promesse d’un débouché pro pour les dessinateurs amateurs se profile en 2000 : Tonkam lance le concours de BD et d’illustrations Tsuki. A gagner ? Une publication avec un contrat d’édition. Le thème ? « les anges ». Tous les fanzineux vont travailler sur ce thème, beaucoup de leurs BD passeront finalement dans les pages de leurs fanzines3



Plus de rassemblement, plus d’activités de fans

Japanese Stories n°5 : Compte rendu Japan Expo 2004 : « Ce salon est devenu un jeu des chaises musicales géantes. Je m’explique : vous devez savoir à l’avance ce que vous allez faire, où se déroule l’activité en question, et y  courir parce qu’il n’y a pas de place pour tout le monde. En gros, vaut mieux y aller seul ou avec des sportifs. » (p 33)
« En effet, quand on me dit que je paye 10€ la journée, ce qui est déjà EXTREMEMENT cher, j’aimerais pouvoir rester toute la journée. Or là, une fois que vous sortirez, vous ne pouviez plus rentrer. » (p.34)
Compte rendu de JackPot (p. 35) : « Comme toute association fanzineuse, nous avions terminé le fanzine – notre premier numéro – à peine trois jours avant la convention, au prix de journées entières de travail acharné et de sacrifices de sommeil, avec pour principale motivation ce moment où il serait là, sur le stand, pour vous cher public !!  Pour le fanzineux lambda, le stand représente un certain accomplissement et en même temps une étape cruciale : en effet, c’est LE test de la viabilité du fanzine, la rencontre de ceux avec qui l’on souhaite partager ses passions et son travail : VOUS ! […] j’ai comme tous les ans particulièrement apprécié les nombreux fanzines présents, dont le niveau s’est notoirement amélioré depuis ses dernières années ; en effet on trouve maintenant parmi les fanzineux pas mal d’étudiants en grandes écoles d’art ou d’animation ainsi que des autodidactes très prometteurs, ce qui fait plaisir à voir ! Cependant on pourrait éventuellement regretter que, de ce fait, une certaine barrière se soit créée entre les exposants et le public ; en d’autres termes, certains fanzines ont clairement la grosse tête et semblent quelque peu oublier qu’ils sont eux-mêmes issus de la foule de fans qui se présente en face d’eux ! Par exemple, j’ai été particulièrement refroidie par l’attitude d’un exposant dont j’apprécie énormément le travail et dont je voulais acheter la BD ; la froideur de son ton  lorsqu’il m’a répondu alors que je le questionnais avec enthousiasme sur l’échéance de la suite de son histoire m’a tout simplement fait faire demi-tour sans rien acheter ! »


La sortie des zines se fait en fonction des conventions. Dans l’édito de Version SD n°10, elles écrivent : « Faute d’événement dans le paysage conventionnel, nous n’avons pas sortis de numéros pendant un long moment. Résultat : les mimines sont toutes rouillées, et il a fallu huiler tout ça. Néanmoins, au prix d’insoutenables efforts (la flemme, c’est super dur à combattre ^⁾, nous avons mijoté ce numéro 10 pour Epita ^_^ » Dans ce tableau, le chiffre intéressant est celui des conventions en région parisienne. On passe de deux par an à 7 en 2002. A un moment, on s’est retrouvé avec une convention par mois. A chaque fois, c’était une fête qui faisait venir des fanzineux de toute la France. Ces échanges ont encouragé les parisiens à sortir voir les autres conventions en région4. Dans ces conventions, le fan a le choix de son ou ses activités : Fanzines, cosplay, mais aussi karaoké, quizz, projections (d’animés inédits en France, mais aussi de films amateurs), tournois de jeux vidéos, montage de figurines… Même si le manga est en train de se trouver une place dans le paysage éditorial français, la force de ces conventions reste les productions des fans. D’ailleurs, jusqu’à 2005, la majorité de ces événements sont organisés par des amateurs. Les visiteurs ne semblent pas gêner par cela. Pire ! Cette amateurisme leur permet de se sentir proche des organisateurs et renforce le sentiment communautaire. Les conventions attirent de plus en plus de visiteurs et de nouveaux enjeux. Il n’est donc pas surprenant de voir que les tarifs de location de stands5 et le traitement des fanzineux vont évoluer : « Et avec l’été reviennent les conventions. Mais nous n’y tiendrons pas de stand ; en effet, les prix ont augmenté de façon exponentielle sans pour autant amener d’amélioration ; de plus, nous avons le sentiment d’être traités comme du bétail, et ils veulent nous presser comme des citrons. Nous nous rebellons donc, et disons « Non : ». (Oshabel(r)i n°12 mai 2004 – édito de Seish).

La récompense pour le « meilleur » fanzine ? Des prix du « meilleur » fanzine ont existé et existent toujours. Ils ont toujours eu assez peu d’audience malgré la volonté des lauréats de valoriser leur prix. En général, le prix était décerné par une convention (BD Expo et Japan Expo). Vu l’intérêt que cela a suscité, impossible de remettre la main sur une liste exhaustive. Voici quelques fanzines qui ont reçu des récompenses (de mémoire, selon eux, selon Animeland) : Dream On et Ultra Sushi (ex aequo en 1999), My City, Freestyle, Wata Castle Art, Mokona, Les enfants du Soleil (2ème prix du concours de fanzine à Japan Expo en 2002)

BONUS : Tableau : Liste des conventions française entre 1999 et 2007


Entre les organisateurs d’événements et les fanzineux, c’est parfois le grand amour et parfois la guerre ! Le milieu amateur grandit et tout le monde ne se connaît plus. Certains nourrissent des ambitions pour leur événement et/ou pour leur carrière professionnelle. Force est de constater que le stand fanzine rapporte moins d’argent qu’un stand boutique ou éditeur et qu’en plus, il fait moins d’animation qu’un stand de jeux vidéo. Fait-il venir des visiteurs ? Oui ? Non ? Peut-être ? Pas de façon significative en tout cas. De plus en plus de festivals propose des stands « créateurs » à coté des stands « amateurs ». Le mot fanzine est en train de disparaître du vocabulaire des fans de manga.

Le stand est attribué à la rapidité. Le premier fanzineux à envoyer le chèque a un stand. Aucun contrôle du contenu ou de la qualité… Alors parfois, il y a des problèmes. Une fois, des bénévoles de l’orga, ont fait le tour des stands pour faire retirer des stands toutes les images osées. Le directeur de l’école allait passer visiter la convention et on lui avait dit que c’était un événément tout public…

Les jeunes fanzineux débutant sont systématiquement handicapés par l’attribution des stands à la rapidité6, c’est-à-dire que seuls les premiers à renvoyer le dossier réussissent à avoir une place. Les vieux briscards parviennent parfois à avoir deux stands (en créant plusieurs structures). Une année l’EPITA a tenté d’adopter un système d’attribution en fonction du contenu. Ça a été catastrophique ! Les fanzines devaient envoyer (gratuitement) un exemplaire de leur travail avant une date limite assez tardive par rapport à celle du festival. Les problèmes qui ont suivis ocsillent entre incompréhension des nouvelles règles d’attribution, mauvaise gestion des délais et manque de transparence. L’ancien système est revenu dès l’année suivante7.

L’emplacement des stands fanzines a aussi toujours été une source de discussion. C’est même un sujet qui revient souvent dans les gags des fanzineux sur leur vécu. Le cauchemar du fanzineux est surtout d’être à coté d’un espace bruyant comme une scène ou un espace jeux. Dans ces cas-là, toute conversation devient impossible (c’est bête quand même ! C’est pour ça qu’on vient !). Le cul-de-sac introuvable et la table Dame Pipi ou espace information sont aussi des situations récurrentes. Mais le plus agaçant, c’est le vol de mobilier. En effet, la location du stand inclus la table et un certain nombre de chaises. Il n’est pas rare de ne pas les avoir au début du festival ou de les voir disparaire d’un jour sur l’autre. Ce genre de situation se produit lorsque les organisateurs sont introuvables et que chaque exposant commence à se faire justice lui-même.

La confiance entre organisateurs et fanzineux s’est aussi étiolée à cause des trafics de badges. Il était parfois plus avantageux de payer un badge supplémentaire plutôt que d’acheter un pass pour toute la convention. Il est arrivé fréquemment que des personnes badgées ne soient pas des fanzineux. Pire ! On faisait tourner les badges disponibles à nos amis (voire aux amis de nos amis) pour les faire entrer gratuitement. Évidemment, aujourd’hui, avec le recul, je comprends que les organisateurs aient mis en place des dispositifs plus stricts8.

Être un fanzineux sur une convention montrait donc que l’on était actif, mais donnait aussi ce micro-privilège qu’était le badge. Le fanzineux n’était donc pas un fan ordinaire. Était-ce son but initial ?

Faisons rapidement un petit tour des conventions marquantes de cette période : BD Expo, EPITA, Cartoonist, Japan Expo et Harajuku.

BD Expo


Dans les années 70, Paris a sa convention de BD. C’est un événement qui a ses invités et son prix. Il va occuper l’ancienne gare de Bastille et le palais de la Mutualité. Son nom va évoluer mais est toujours sous-titré « énième Convention de bande dessinée de Paris ». En 1989, cela devient « BD Expo ».

En 1992, le Japon bénéficie d’un espace « invité » qui est en fait nourri (en vente et en projection) par un couple de libraire spécialisé dans l’import : Dominique Véret et Sylvie Chang, les gérants de Tonkam.

Kalahan : En 1994, quelque chose comme ça, j’ai été à mon premier BD Expo. Il y avait des pub (à l’époque je lisais Player One). A l’époque c’était à l’espace Austerlitz. C’était 99 % de bandes dessinées et Tonkam et une boutique japonaise. Tu pouvais acheter deux tickets différents : un pour visiter la convention et un pour la salle d’animation. Nous on était fauché, donc on a fait juste la salle et on voit les stands de boutiques où j’achète le dernier volume de City Hunter (en japonais, les éditions j’ai lu n’avait pas acheté les droits à cette époque là). On fait vite le tour parce qu’il n’y a rien à faire. On redescend et on demande si on peut aller dans la salle d’animation. C’est Tonkam qui projetait des animés sur Laserdisc et des concerts de J-Rock (J’ai vu mes premières images de X-Japan à ce moment là). Il y avait des trucs comme Mamono Yohko Hunter.


En 1998, On ajoute encore une mention au nom de cet évènement : Comiket, comme au Japon ! Apparemment Dominique Véret avait prévu un débat : « Fanzines, combat culturel ou assistanat ? », mais il a été annulé9.

Avant d’y être exposante, j’ai été au moins deux fois, à cette convention, en visiteur. J’ai même participé au cosplay. Je crois que j’ai découvert l’univers des animéfans par cet événement et cela explique sans doute la tendresse particulière que j’ai pour BD Expo. A l’époque, je ne savais pas qui était derrière cette convention. J’avais l’impression qu’elle se faisait toute seule. Il fallait se tenir au courant tout le temps, pour avoir les dates au plus tôt et s’organiser. J’ai fait des inscriptions à ce festival par courrier. Ça remonte à si loin, que je ne me souviens plus comment on procédait : est-ce qu’il fallait écrire une première fois pour demander le dossier d’inscription ? Je crois que oui… mais je n’en ai aucun souvenir.

Comme tout le monde, je me souviens de Bercy Expo (on avait une navette depuis le métro, car la ligne 14 n’était pas encore ouverte), du « mur de Berlin » (la séparation entre le coté Franco-belge et le coté Manga), je me souviens du contraste sonore entre ces deux espaces, je me souviens des commentaires des lecteurs de Franco-belge que je pouvais entendre quand j’allais me promener de leur coté. Les cosplays étaient sur une pauvre estrade qui parfois ne permettait pas au groupe de faire sa prestation ! Les discussions avec les visiteurs et les voisins de stands, les photos de groupe, le partage de la nourriture, les délires autour de nos séries fétiches… L’événement n’était pas si grand. Alors tout ceux qui ont été à BD Expo jusqu’en 2000 partagent les mêmes souvenirs.


A partir de 2000, BD Expo change de lieu : on va à la porte de Champerret. C’est un lieu qui va être souvent utilisé pour des conventions, puisque c’est aussi dans cette salle qu’aura lieu les premières éditions de Paris Manga (2006) et du salon ISC de l’Imaginaire (du 8 au 10 décembre 2000).

A BD Expo, le stand n’était pas donné, mais j’avais tellement envie d’y exposer ! En général, on partageait le stand. En tout cas, c’est leur grille tarifaire qui m’a servi à évaluer les autres festivals. Je me souviens qu’en 1998, la table coûtait 500F10.

« […] il était quasi-impossible de dessiner sans se détruire les yeux à moins d’être sous une lampe, mais à 1,085 Frs le poste électrique… ça fait drôle ! Déjà, un fanzine doit débourser 500 Frs pour une table et des conditions d’installation précaires (à moins d’être du côté Franco-Belge), c’est cher payé l’inorganisation. » Article BD Expo’97 : la déception monumentale dans SD Comics n°5 (automne 1997)


En 1998, Ikari no Ryu, qui était parmi les 56 fanzines exposants11, évoque un public « fantomatique » (pour le fanzine ou pour la convention ?). L’événement est pourtant considéré comme un succès. Le truc, c’est que BD Expo est un événement consacré originellement à la BD Franco-Belge. Les fans de manga et de japanimation sont « parqués » à l’écart, comme le décrit D.Fender dans son compte-rendu : « Après avoir passé l’entrée et les cerbères de service, un vaste corridor mène à l’expo, où l’on découvre déjà les premiers bacs à collectors. Sauf qu’il est difficile de ne pas jeter un regard sur la gauche. Un espace séparé du reste de l’expo par des cloisons, où se mélangent joyeusement de la musique, des chants, un brouhaha continu, des stands, un podium, et l’ambiance d’une classe de lycéens quand le prof est absent. C’est le comiket 98, premier du nom, le premier rendez-vous majeur de la presse amateur comics et manga. »12

Cette convention s’est arrêtée sans qu’on s’en aperçoive… Pourtant je l’aimais bien… Mais on sentait que ce n’était plus comme avant. Tout ce que j’ai trouvé comme infos c’est quelques lignes de Kero-Chan dans le fanzine Kon & Con n°7 de juillet 2003 : « Akata a décidé de ne pas prendre en charge la partie japanimation pour 2003 étant donné le retard de BD Expo pour payer Akata de ses services de l’édition 2002. ».

Bonus : Les dates de BD Expo



EPITA


Ou "convention de l'animation à l'EPITA" ou "Japan Expo 2000" ou « Convention Epitanime », mais en vrai moi j’ai toujours dit que j’allais à l’EPITA…

La convention des nostalgiques ! Il s’agit d’un événement qui (comme cela se faisait beaucoup dans les années 90) se déroulait dans une école : EPITA (Ecole Pour l'Informatique et les Techniques Avancées créée en 1984). L’équipe d’organisation est une association d’étudiants fans de japanim’ : EPITANIME.

La convention est connue pour ses nuits avec des projections et des karaokés. J’avoue n’avoir jamais eu le courage de faire ces choses là, mais beaucoup de gens en parlent.

Les souvenirs forts que j’ai de cette convention c’est :

On a souvent reproché à EPITA son manque d’ambition. Bah oui : ils n’ont pas d’intérêt à grossir vu que leur ambition est de maintenir l’événement dans l’école du Kremlin-Bicêtre. Perso, c’est ce que j’aime chez eux. On a aussi dit que l’organisation était trop rock’n’roll. Je trouve que c’est injustifié car EPITA est un événement dont l’équipe se renouvelle par définition, puisqu’organisé par les étudiants. L’irrégularité de sa qualité s’explique sans problème (le contraire serait étonnant).

Question fréquentation, en visitant le site de la convention, on tombe sur des infos contradictoires qui nous donnent quand même une fourchette : sur la page sur l’historique de l’événement, ils annoncent qu’il y a entre 6 500 et 7 000 visiteurs. Sur la page de la présentation de la convention, il est dit que, si au début ils n’avaient qu’une centaine de visiteurs, désormais la fréquentation se situe entre 2 500 et 3 000 personnes. J’imagine que cela dépend des années…

Pour finir, voilà un petit tableau sur des infos glanées à droite et à gauche sur cette convention. Je commence en 1994 car c’est la date de début officielle, cependant, Epitanime signale sur son site :

«D’autres conventions ont eu lieu avant celles-ci, mais elles n’ont pas été numérotées dès le début et l’histoire de l’association avant 1995 est peu connue. ». Autrefois située sur le boulevard de l’Hôpital à Paris, l’école (et donc le festival) a déménagé en 1996 à coté du métro Porte d’Italie (commune du Kremlin-Bicêtre).

BONUS : Les dates d'EPITA


Cartoonist


Voici un festival particulier à bien des niveaux. Avant d’aller plus loin, je vais vous raconter ce que j’en sais aujourd’hui et après je pars me documenter pour écrire la suite.

Dès mes premières conventions parisiennes, on m’a parlé de Cartoonist Toulon. Je n’y suis allée que tardivement (en 2001) lorsque Shibuya travels (par l’association Shibuya.10) a organisé un voyage pour animéfans (transport, hôtel avec des chambres à partager, entrées du festival… tout ça pour 600F13). Cela reste un super souvenir, même si j’y suis allée en tant que visiteuses et pas exposantes. C’est la première fois de ma vie que je dépassais la Loire et sentir le soleil sur mes bras nus au mois d’avril était extraordinaire. Je connaissais quelques personnes du voyage et j’ai sympathisé avec d’autres. L’ambiance était très bonne, cela ressemblait à une colonie de vacances pour otakus.

Quand le festival est arrivé à Paris quelque temps plus tard, j’avais donc un à priori positif, mais ces évènements ne se sont pas bien déroulés14… Et puis, plus rien. Juste des rumeurs sur des escroqueries, des dettes, des gens partis avec l’argent. N’étant pas directement concernée, je n’ai pas cherché à en savoir plus. Mais j’étais choqué par ces nouvelles (qu’elles soient vraies ou fausses, c’est toujours choquant qu’elles circulent dans notre monde de bisounours, non?)15.

Maintenant, que j’ai encore raconté ma vie, passons aux faits. Pour cela, je vais utiliser diverses sites internet, Animeland, des fanzines (qui publient souvent des comptes-rendus de conventions) et le livre d’Olivier Gilbert sur Cartoonist !

Dans l’ouvrage : Cartoonist, l’histoire du premier salon manga français, Olivier Gilbert explique que ce festival est lié à sa personne et que cela « a été, et est toujours, une belle aventure car le festival remémore régulièrement l’âge d’or de l’animation, une période où l’on se sentait en famille avec des inconnus pendant les trois jours de fête ».

Le livre remonte à loin dans l’enfance du jeune Olivier. Je vous passe les détails autobiographiques qui rendent la lecture de l’ouvrage un peu gênante16… pour arriver à la naissance de Cartoonist. Olivier Gilbert prépare un BTS Commerce International à la chambre de commerce de Toulon et doit donc réaliser un projet d’étude qui permettra la validation de son diplôme. Il choisi d’organiser un festival de dessins animé. Nous sommes en mars 1993. L’année suivante, trouver des partenaires est plus facile, cela incite donc Olivier Gilbert à remettre le couvert.

C’est lors de cette deuxième édition de Cartoonist qu’un cinéma toulonnais devait projeter Arion, mais la projection fut annulée à la dernière minute. Alex Pilot et ses amis sont donc désoeuvrés et se filment en train de chahuter. Cela donnera le premier épisode des Bitoman. Le premier film amateur français issu de la japanim’.

Le livre compile de nombreuses anecdotes concernant des personnes célèbres du milieu, mais aussi des anonymes. On perçoit que les fanzines ont contribué à faire connaître le festival (p.74).

A la fin des années 90, le festival marche bien et internet se développe. Olivier Gilbert explique donc que les conditions sont réunies pour servir de cibles aux jaloux et aux malveillants. Effectivement, c’est à cette période qu’on trouve le plus facilement des critiques dans des fanzines :

Animate n°7 (1998) : [à l’adresse d’Olivier Gilbert, organisateur de Cartoonist Toulon] “Votre festival Cartoonist, bien que très intéressant, comporte de grosses lacunes, telles le manque de liberté, l’absence de karaoké, le désintérêt vis-à-vis du client ou encore le manque d’”amateurisme”. Beaucoup de fans seraient près à vous aider pour remédier à cela, pourquoi ne voyez-vous pas avec eux, comment améliorer votre festival ?”

Angel Dust n°3 : Le public de cette année fut moindre pour plusieurs raisons, notamment les grèves de train survenues la veille de ce festival mais aussi du fait d’un léger problème de communication pour l’ampleur qu’il souhaite donner à leur festival.[…] Et surtout, il faut qu’ils évitent d’annoncer la venue de gens qu’ils n’ont pas encore contactés, et donc de changer les noms des invités, tous les mois. » (p.27)

Dans l’ouvrage d’Olivier Gilbert, il dit (comme s’il répondait à cette remarque, peut-être l’a-t-il lu ?) :  « Certains ont vraisemblablement oublié que l’équipe du festival n’est constitué que de bénévoles dont aucun n’est professionnel de l’évènementiel. Du président au fan venant donner un coup de main lors du week-end fin avril, la totalité du staff est bénévole et aucun n’est rémunéré. » (p.72).

SD Comics n°7 (1999) sort les chiffres de Cartoonist 99 : 10 000 entrées en 3 jours. EPITA est une semaine après Cartoonist (d’où l’article dans ce fanzine : « Cartoonist VS Epita »). Pour SD Comics, l’atout de Cartoonist est d’avoir des invités prestigieux. Cependant, le festival Cartoonist n’est pas aussi idyllique qu’on pourrait le croire en lisant l’ouvrage d’Olivier Gilbert si on en croit l’anecdote racontée dans cet article de SD Comics : « Bref, quelle joie… jusqu’à ce que, vlam, je réalise que cette convention n’est pas faite pour s’amuser. L’une des autres attractions d’une convention est le karaoké ; à Cartoonist il n’y en avait pas, alors quelques fans ont décidé de mettre un peu d’ambiance en entonant les refrains habituels, et là, il s’avère que tout débordement de joie soit intoléré à Toulon. Certes, ces fans chantaient parfois un peu trop fort (à le gueuler comme un slogan), et ne jugeaient pas la portée de leurs cordes vocales, dans ce cas là, le palais Neptune étant assez grand, il y avait possibilité d’ouvrir une salle pour le karaoké, ainsi en retrait, ils n’auraient pas « gênés » le reste du public… Résultat : expulsés avec interdiction de revenir… (heureusement que l’on était samedi soir ! Et que de toute façon ils ne revenaient pas le lendemain, cause retour sur Panam). »

Rézine n°3 – chronique du fanzine Animate n°6 et 7 (1998) : « Passons par la rafraîchissante rubrique Anim’Potins avant de dévorer la chronique consacrée à Cartoonist 98, qui aura pêché par par la pauvreté de son ambiance et de ses projections ; tout juste racheté par la présence de la grande Akemi Takada."


En 1999, un deuxième Cartoonist est organisé à Brest, mais il ne prend pas l’ampleur de celui de Toulon. On voit aussi la création d’une SARL Cartonnist Factory qui a pour but « la promotion, la création et la diffusion de produits d’artistes issus de cette génération de fans de films d’animation. » (p.93). Parmi les artistes édités en cartes postales par cette entreprise, il y aura des fanzineuses (dont Galou, Aurore Demilly et le studio Takehoshi).

L’édition Brestoise fonctionne qu’avec des sponsors privés et le lieu est trop enclavé pour faire déplacer toute la France. Dans ces conditions, autant faire une édition à Paris, se dit Olivier Gilbert (p. 110). Seulement, l’attentat du 11 septembre 2001 a lieu juste avant Cartoonist Paris. Des conditions de sécurité exigeantes gênent le bon déroulement du festival. J’y étais exposante. Le stand coûtait très cher et on m’avait mis en garde sur la taille du mobilier. J’avais donc prévu une table en plus pour couvrir l’espace du stand. Ce que je n’avais pas prévu, c’était la nappe ignifugée… ça faisait déjà deux ans que je faisais des conventions avec de la nappe en papier. Jamais je n’aurais pensé à ça. J’ai dû renoncer à la nappe (« car le papier ça brûle » m’a expliqué l’agent de sécurité. Je lui ai répondu que de toutes façons, mes fanzines étaient en papier, alors…). D’autres stands avaient des nappes en tissu, l’agent de sécurité les a interrogé sur le traitement anti-feu et aurait même sorti le briquet pour procéder à des tests. On en parle encore !

A la page 149, Olivier Gilbert me tient en haleine : il parle de Cartoonist Toulon de 2002 qui a fait défiler les cosplayers dans les rues. J’arrive aux événements qui font polémiques… La vérité (peut-être, mais en tout cas, des explications!) est que la ville de Toulon a promis des subventions qui n’ont finalement pas été donné. Le festival a donc coûté plus cher que ce qu’il pouvait rapporter.

Le Cartoonist suivant va de nouveau être à Paris. J’y suis encore exposante. Je me souviens que quelques couacs moins spectaculaires qu’à la Villette. Mais on se rapproche de la fin de Cartoonist… Comment va-t-il justifier ça ?

Didizuka (entretien) : « Cartoonist 2002 se déroulait à paris; ce fut la première fois que je montais à la capitale, en TGV, découverte de cette vie citadine. Je n'étais pas seule, j'y suis allée avec Yahoc (pseudo), l'une des membres du zine. Nous avons dormi à Ris-Orangis chez la soeur de mon petit copain. J'en garde un très bon souvenir car ce fut une première fois : cosplay, maquettes, manga en japonais à foison dans des cartons, CD de zic nippones... J'ai discuté avec pas mal de personnes sur le stand et dans les allées. Fofolle *1000 ! Et c'était la grande époque de Trigun... j'ai conservé une photo d'un jeune homme habillé en Vash the stampede :3. Par contre, le truc nul fut la soirée au Planet Hollywood qui n'eu jamais lieu. On a poireauté sur le lieux du RDV, et rien. »


Alors dans le livre, Olivier Gilbert parle de cette soirée (où je n’ai pas été personnellement, mais on m’en a effectivement parlé). Il dit « succès mitigé car le geek n’est pas vraiment un clubber à la base. » (p.164)… Le mystère reste entier…

2003 c’est à Porte de Versailles ! La grande classe ! Avec mon association, on a décidé d’y aller, car ce n’est pas seulement un Cartoonist, c’est aussi un Paris BD17. On se cotise et on organise une tombola pour rentabiliser le coût du stand. Même Olivier Gilbert parle de prix prohibitif18 !

La rédaction de Japanese Stories raconte son vécu : Japanese stories n°4 (juin 2004) Compte rendu de Cartoonist 2003 : « Cartoonist ??? Où ça ??? Moi je n’ai vu que BD Expo !!! Les stands Manga se comptaient sur les doigts de la main !!! Quelques courageux cosplayeurs ça et là...[…] Le boycott du salon par le fanzinat (stand trop cher, date annoncée à la dernière minute…) et certaines boutiques (comme Tonkam) a été très suivi. De sorte qu’il n’y avait vraiment rien à voir !!! Le résultat était probant : une conv’ sans stand et sans projection, cosplay, ni jeux, etc... est un vrai fiasco !!! » (p. 19).

Après ça, Olivier Gilbert veut s’éloigner de Cartoonist et il est dégoûté par l’attitude des autres acteurs du milieu : ne leur a-t-il pas permis de se développer en créant un festival à la hauteur de nos ambitions à tous ? N’ont-ils pas tiré profit de son activité ? Aussi, est-il choqué de voir le manque de soutien moral et matériel à son événement (p.172).

La renaissance de Cartoonist, en 2013, s’explique (selon Olivier Gilbert) par une demande forte de ses amis. Il accepte de refaire une édition et le festival en lui-même se déroule bien (j’y étais pas… j’en sais rien), mais des dissensions apparaissaient (ou ré-apparaissent en fonction des personnes) dans l’équipe. Apparemment, il s’agit en partie de questions de confiance mal placée et d’argent. Les explications ne sont pas précises. Ce livre ne cherche pas à faire toute la lumière sur les histoires qui entourent ce festival.

J’arrive à la fin du livre d’Olivier Gilbert. Il est maintenant temps d’aller voir sur internet pour compléter un peu cet historique. La page Wikipédia me paraît un bon point de départ. Ce n’est pas très long et je n’y apprends rien. Comme je cherche à reconstituer les polémiques autour de ce festival, je parcours l’historique de l’article. Il semble effectivement qu’il y a eu une guéguerre sur la page19. Un certain nombre de modifications ont été faites par des personnes non identifiées (on a juste leur adresse IP). On se doute qu’il s’agit de personnes concernées parce que certains faits sont très précis. Voici ce que dit la version de l’article de Wikipédia du 8 octobre 2014 à 03:26. La personne qui l’a rédigé annote ainsi  « changement totale la description, ce qui etait ecrit etait faux » : L’édition anniversaire de 2013, à Nice a été un échec (malgré des financements japonais) à cause d’une communication catastrophique (« site internet rarement mis à jour et entièrement en flash, public trentenaire uniquement visé etc. »). Il n’y a pas eu les 30 000 visiteurs promis, mais moins de 10 000 ce qui a mis les exposants en difficultés. Des avis négatifs ont été formulées mais « Les nombreuses critiques postées sur la page Facebook du Cartoonist ont purement et simplement été effacées et les auteurs bannis afin de préserver une belle image ». Olivier Gilbert est ensuite accusé de s’être accaparé des dessins, de les avoir revendus, ne pas avoir payé certains invités (l’article cite Akira Kushida, le chanteur d'X-or) et ce texte se termine par ces trois phrases : « Face aux pratiques d'Olivier Gilbert, cela a fait grand bruit dans le milieu de l'animation et du manga au Japon et provoqué de graves répercussions. A juste titre, Olivier Gilbert est depuis persona non grata. Malgré cet échec cuisant, Olivier Gilbert annonce un nouveau salon Cartoonist. »

Sur le forum de Méluzine, je découvre aussi qu’il y a eu un nettoyage avec la publication d’un droit de réponse. J’ai l’impression que l’affaire n’est pas tout à fait terminée...

Bonus : Les différents éditions du festival du Cartoonist (sources : Animeland n°70)


Japan Expo

Japanese Stories n° 5 (p. 37) : les dix commandement pour faire un bon salon :
1. Ton ou tes billets à l’avance tu prendras
2. D’un max de sous ta bourse tu rempliras
3. Ton pique-nique tu prépareras
4. Un ou des très grands sacs, tu emporteras
5. Dans les files d’attente jamais tu ne pousseras (ça ne sert à rien!)
6. Des chansons (débiles) tu chanteras
7. Pleins de fanzines tu achèteras
8. Au cosplay assiter tu essaieras
9. « La roue, la roue !!! » tu hurleras
10. Des tonnes de nouveaux copains tu rencontreras

Il me paraît important de tout de suite parler d’un point délicat : doit-on dire « je vais à la Japan Expo » ou « je vais à Japan Expo » ? Et bien, j’ai l’impression que cela dépend de votre âge. En effet, il y a quelques années, on ne se posait pas la question : on allait à Japan Expo. Aujourd’hui, dans les massmédias, j’entends « ils vont à la Japan Expo » et les fans les plus jeunes reprennent ce vocable. Maintenant que ce point fondamental a été évacué, voyons un peu les liens entre ce festival et le fanzinat.

Le premier lien est plus qu’évident, puisqu’à la base, il y a une association qui s’appelle S.D.F.C. En 1996, les membres décident de faire un fanzine d’articles qui s’appelle Angel Dust. En 1998, l’association change de nom et devient JADe (Japan & Animation Development) dont le but est «  promotion de la culture japonaise, essentiellement à travers son animation et sa bande dessinée, sans pour autant négliger les différentes contributions internationales dans ces deux domaines, ainsi que tout ce qui s'y rattache de près ou de loin ». JADe va porter quelques temps le fanzine, mais aussi s’orienter vers l’organisation d’événements. Elle s’associe à EPITANIME et participe à la convention de l’EPITA. C’est d’ailleurs là qu’apparait le nom JAPAN EXPO. Après quelques années, l’association a acquis suffisamment d’expérience pour voler de ses propres ailes et, le 29 juin 2001, on voit apparaître à l’espace Austerlitz à Paris, le premier festival Japan Expo (distinct de l’EPITA).

Evidemment, les fanzines sont présents.

Ce festival va régulièrement déménager pour s’agrandir. Son ascension en a fait LE festival de manga et de japanimation français. Villepinte, c’est notre Cannes, notre Angoulême !

Tout le monde n’aime pas Japan Expo, mais tout le monde va à Japan Expo. Pourquoi ? Parce que tout le monde va à Japan Expo. On y retrouve les copines et les copains qu’on ne voit qu’une fois par an. C’est un moment incontournable. Le nombre de visiteurs est la garantie de ventes pour le fanzineux et cela permet pour les organisateurs de l’événement (qui aujourd’hui sont en entreprise et non plus en association) de justifier le prix des stands.

Les prix sont élevés, mais paraissent encore acceptables pour les exposants qui souvent réussissent à rentabiliser (notamment en partageant le stand). Et puis, finalement, les autres festivals ont aussi des prix en hausse, sauf que ces nouveaux événements ne peuvent pas garantir la même fréquentation.

Ce discours sur le coût du stand va évoluer avec l’apparition des stands « jeunes créateurs ». En effet, pour un prix trois fois plus élévé, il est possible d’avoir un stand plus grand, mieux équipé et mieux placé. Conséquence : des fanzines ont fait le choix de quitter les allées réservées aux amateurs pour aller dans cet espace. Un autre privilège a aussi été accordé aux « jeunes créateurs » : ils n’ont pas de limite de prix. Depuis quelques années, Japan Expo impose une charte aux exposants amateurs (qui ne concerne pas les stands « jeunes créateurs ») : pas le droit de vendre à plus de 12€ et un avertissement sur le fanart* (Japan Expo tolère que les amateurs vendent quelques fanarts*, mais cela ne doit pas dépasser 10 % de ce qui est sur le stand).

Vous avez sans doute l’impression que je fais court pour un festival qui a une telle importance. C’est vrai, mais en même temps, son histoire se mêle à celle de la Japanim’ en France. Entre les amateurs et Japan Expo, c’est une relation faite d’amour et de haine et d’interdépendance : Japan Expo a eu besoin (comme tous les festivals) des fanzineux, aujourd’hui, le rapport de force s’est inversé.

Pour finir, précisons que les affiches de Japan Expo ont majoritairement été dessinées par Aurore Demilly (aujourd’hui dessinatrice de BD, mais surtout à l’origine du fanzine MyCity).



Harajuku

Les éditions Delcourt ont organisées de 2001 à 2009 un événement festif à coté de Bercy Village (un parc, une boutique Album pour vendre des BD…). Il y avait pleins d’auteurs pro en dédicaces. Un jour de 2003, l’éditeur (qui a depuis peu sa collection manga, lancée en partenariat avec Ataka, constitué d’anciens de Tonkam) fait signe aux fanzineux : pour le prix de la location du matériel (table et chaises), il était possible d’exposer en plein air dans le square adjacent l’espace de dédicaces. L’association Méluzine va être appelée pour gérer cet espace dédié aux publications amateurs. Ce festival a depuis ses débuts lieu en septembre et tombe régulièrement sur le week end des journées du patrimoine. Les fanzineux ont donc l’occasion de rencontrer un public différent, moins otak’. Conséquence ? Quand Delcourt décide d’arrêter son festival (en 2009), des fanzineux (Aujourd’hui l’équipe organisatrice est constituée de Nephyla et Castel de MdM Production/Raxxon, zeDew de EnTravo et Kalahan de Yumyum Studio. A l’origine, il y avait aussi Chibilou) se montent en association pour que l’événement perdurent.

Présentation sur le site actuel20: « Né il y a 16 ans, Harajuku est le seul festival manga parisien gratuit pour ses visiteurs et en plein air. Il rassemble fanzines, cosplay, activités autour du manga, dans le cadre idéal du Parc de Bercy, et dans une ambiance détendue. »

Pour info : en 2018, Le stand d’1,80 m (une table et deux chaises) coûtait 45 euros. Par contre, la demande est importante, il faut être au taquet et renvoyer très vite son dossier pour espérer avoir un stand. C’est pour ça que durant l’été, les fanzineux les plus acharnés restent connectés aux réseaux sociaux.


Le rôle d’Internet et des nouvelles technologies 

Ni-Hao n°5 (1997) : « Après les téléphones portables, Internet, la télévision par satellite et les messageries de poches, voici le nouveau gadget inutile à la mode : le Tamagochi. » (dans un article contre la mode des tamagochi) 

Gilles Broche des Enfants du Soleil le 10 mai 2019 : « Quand on est que fanzine (sans association) et qu’on traite d’un sujet pointu comme ça … pour se faire connaître c’est pas évident. Je pense particulièrement à Flashback TV (qui a dû faire 4 numéros, je crois). Il avait du mal à se faire connaître. Il brossait tout ce qui se faisait en émission jeunesse. C’était très intéressant et assez diversifié comme sujet mais pas forcément intéressant pour tout le monde, donc très difficile à placer. C’est dommage parce qu’il faisait ça d’une manière très pro. C’est peut-être lui d’ailleurs qui nous a donné l’idée de faire ce niveau de qualité. Je me souviens avoir vu son premier numéro (le n°0) et il m’a dit qu’il l’avait fait sur word ! Wouah ! Une qualité pareil pour une mise en page faite avec Word ! Respect ! »

Mais dis-moi, comment faisait-on avant l’arrivée d’internet ? Je crois qu’à travers les anecdotes de cet ouvrage, vous entrevoyez la réponse. Mais on va quand même s’attarder sur le rôle de ces technologies sur le fanzinat manga car le développement de l’informatique a fortement impacté les publications amateurs.

En fait, sans démocratisation de la photocopie, il n’y aurait pas eu autant de fanzines. Les maquettes se faisait avec des ciseaux et de la colle (même pour les fanzines d’articles, le créateur de Mangazone le raconte), on mettait ce montage artisanal sur la vitre et on appuyait sur le gros bouton vert pour faire des copies ! Et là on s’apercevait qu’on n’avait pas tenu compte de la marge de la machine, qu’on a inversé les pages de gauche et de droite, que le recto verso est à l’envers et/ou qu’on a oublié qu’il fallait faire un nombre de pages multiple de quatre pour ne pas avoir de pages blanches !

Normalement, si vous avez connu cette époque, vous reconnaissez au moins une boulette que vous avez commise21.

Ensuite, les ordinateurs domestiques se sont généralisés. On a pu faire de la mise en page sans tube de colle (certains avec Word, d’autres avec Publisher. Des fanzineux m’ont filée une version crackée de QuarkXpress. J’ai aussi entendu parlé de Page maker… plus tard, certains feront la mise en page directement sur Photoshop). Et puis, on pouvait retoucher les dessins, voire les coloriser. En regardant des fanzines de la fin des années 90-début 2000, on voit les trames faites à l’ordinateur. Les imprimantes couleurs arrivent aussi dans les foyers et cela encourage les fanzineux à faire des couvertures couleurs. Dans l’édito du Shôjo Kakumei n°11 (2001) les rédactrices en parlent: « Et pour l’instant la cartouche d’encre est morte et donc pas de couv… m’enfin on va réussir à trouver une imprimante quelque part. ». De même, Gauvain du fanzine Ikki m’a avoué qu’eux aussi, ils imprimaient leurs couvertures couleurs sur leur imprimante maison. A l’époque, j’avais fait le calcul, cela ne m’avait pas semblé intéressant, mais je pense que psychologiquement, ça passait mieux. 

Ni-Hao n°3 (1996) dans l’ours : « Machine utilisée à l’élaboration de ce fanzine : BROTHER LW-200 » C’est-à-dire, une machine à écrire électronique avec un traitement de texte intégré.

Les photocopieuses aussi évoluent. Je ne sais pas à quoi cela correspond, mais à l’époque on disait « photocopie numérique » pour dire qu’il y avait des niveaux de gris. Mieux ! On peut même apporter un fichier chez le photocopieur pour qu’il imprime nos fanzines. Plus besoin de tirer un master ! Evidemment, cela amène d’autres problèmes : le fichier est illisible parce que ce n’est pas le bon format, les images (voir les textes!) sont pixellisés parce qu’on a compressé pour que ça tienne sur le support.

Et enfin, arrive l’ère actuelle de l’imprimeur en ligne : on envoie un fichier PDF et on reçoit un carton pleins de fanzines ! Fini la corvée du façonnage (qui était souvent nocturne) qui suivait la journée passée à COREP (où l’on croisait les autres fanzineux à la bourre). On ne voit plus aujourd’hui de fanzineux agrafant son zine sur le stand… Cela veut-il dire que le fanzineux d’aujourd’hui dort mieux ?

Cependant, l’informatique n’a pas uniquement boulversé la fabrication du zine, mais aussi sa conception. En effet, en 1999, des fanzines sur CD-Rom apparaissent (comme Net Animation ou Yu Média Mix, mais il y en aura pleins d’autres). Cela permet de voir des vidéos (internet n’était pas encore très rapide, ni partout) mais il y avait souvent des problèmes de compatibilité. Perso, je me souviens que sur deux des trois CD-rom achetés, je ne voyais pas l’interface. Je regardais les contenus multimédia indépendamment en me baladant dans l’arborescence. Je me suis passée en boucle les trois openings contenus dans le CD. Quand j’ai voulu les re-regarder quelques années plus tard, j’ai été horrifiée par le niveau de compression ! C’était tellement pixellisé ! Mais à l’époque, cela ne m’avait pas choqué.

Les Tchatters du minitel passent sur internet : Tchat de Caramail, IRC… Les correspondances écrites disparaissent au fur et à mesure. Les forums se développent sur les sites de fanzines (je pense à celui de Furyo) permettent de maintenir un lien au-delà des conventions. On peut notamment cité le FRA : fr.rec.anime,un forum consacré à la japanimation et aux mangas. Je jetais un œil de temps en temps : ça s’engueulait souvent. J’y voyais des pseudo de fanzineux parfois.

Et la question se pose aussi pour les fanzines : Pourquoi dépenser de l’argent, alors que je peux créer un contenu gratuitement sur les pages perso fournies par mon fournisseur d’accès ! On trouve des adresses URL en multimania, en free.fr, en pagesperso… Finalement, ce sont des pages qui sont encore en ligne aujourd'hui. Elles ne sont pas payantes, personne ne s’inquiète de leur devenir (et moi elle me servent bien pour reconstituer des choses que ma mémoire a oublié) et elles sont sans pub ! La philosophie d’internet était tout autre ! Les adresses postales, autrefois indispensables, ont disparu des zines qui n’indiquent plus que leur adresse internet où un paiement en ligne est possible.

Dans mon entretien avec Didizuka, elle raconte qu’elle a complètement arrêté de faire Crucify après une transition du papier au numérique (de 2008 à 2013) : «Face à l'arrivée de tous les fanzines avec de gros moyens (et leurs façonnages somptueux) ça a été le gros déclin des zines photocopiés. Je l'avoue, ça m'a un peu découragée. Plusieurs de mes camarades avec qui je participais dans d'autres zines ont aussi arrêté au fur et à mesure. J'ai donc arrêté, à regret » .

Les fanzines veulent des sites internet et donc ils recrutent en conséquence. En février 2005, le zine Japanese stories n°5 passe une annonce pour trouver des membres et notamment un webmaster, alors qu’en 1994, Manken Z n°1 (avril 1994), recrutait des « clavistes » pour taper les textes des rédacteurs. Je pense que cela vous permet de visualiser quelques un de ces changements.

C’est au n°4 d’Ikari no Ryu qu’un site « ouèbe » est annoncé. INR fait partie de ces fanzines qui apparaissent à la période (Ikari no Ryu = de 1997 à 2000) où internet se démocratise. Le lien entre le support papier et le support numérique n’était pas évident. Aujourd’hui, le site internet est une vitrine et a un rôle marchand évident. Mais, en l’an 2000, on croyait réellement à la bibliothèque universelle et gratuite. Wikipédia22 est l’un des seul vestige de cette époque. Les fanzineux comme Robin d’INR, devait apprendre à faire un site web (souvent on utilisait Frontpage de Windows, le logiciel Dreamweaver ou le bloc-note pour taper du code HTML), mais aussi réfléchir au contenu. Peu de fanzineux ont mis leurs publications entières sur le net. D’abord pour des raisons de cohérence (faire payer à certains ce qu’on met gratuitement à disposition de tous), mais aussi pour des raisons techniques (les hébergements étaient avares en espaces et le chargement des images pouvaient être un vrai problème à cette époque).

Il n’empêche que dès les débuts d’internet, avoir son site internet était symboliquement très important.

On retrouvait souvent les mêmes choses que sur tous les sites amateurs de l’époque : un compteur de visiteurs, un forum et/ou un livre d’or, une partie news qui servait à indiquer les nouveautés mise en ligne, du texte alternatif dans le cas (assez courant) où l’image ne s’affiche pas), une page d’entrée avec un logo (ou équivalent) sur lequel cliquer pour entrer dans le site (il n’y a plus que les site pour adulte qui font ça maintenant) et la galerie de fond d’écran à télécharger.

L’autoformation et le partage sont de rigueur, surtout que pas mal d’informaticiens traînent sur les conventions (ne serait-ce qu’à EPITA, qui est leur fief ! ). Et si vous êtes attentifs aux URL écrites dans les vieux zines (entre 1999 et 2012), vous trouverez énormément d’adresses finissant en « .fr.st » (Méluzine pendant un temps, mais aussi Japanese stories, KJO, Furyo, Tangle et pleins d’autres). C’est une terminaison donnée aux sites de Sao Tomé-et-Principe (un pays constitué de deux îles au large de la côte ouest de l’Afrique équatoriale). Voulant absolument faire pro(pre) sans dépenser le moindre sous, beaucoup de fanzines ont fait leur site sur des hébergeurs gratuits et on fait des redirections en .fr.st. Je pense ne pas me tromper en disant que Gérald et Méluzine ne sont pas étrangers à la propagation de cette info (en tout cas, moi, je me souviens que c’est Gérald qui me l’a dit!).

Sachant que beaucoup de fanzineux se mettent en scène dans leur fanzine, l’ordinateur, outil de création et d’échanges, devient aussi un acteur de la fabrication du fanzine. Il n’est donc pas rare de le voir citer dans les remerciements (ou dans les « je ne remercie pas »), apparaître dans des strips ou entendre parler de sa santé dans les éditos comme dans celui de Seish dans Oshabel(r)i n°12 : « Avant toute chose, il faut que vous sachiez que c’est la deuxième fois que j’écris ceci ; un grave accident nous est arrivé : nous avons failli perdre le fanzine (saloperie d’informatique… « achetez un ordi ça vous facilitera la vie » qu’i’ disait!), mais dans les méandres obscures du disque dur, il a fini par réapparaître miraculeusement au bout de trois jours ! Nous sommes donc sauvées mais nous avons quand même perdu quelques jours et une bonne poignée de cheveux aussi. »

1 -  Personnage du manga Hunter X Hunter de Yoshihiro Togashi

2 - On trouve de tout : de beaux bandeaux achetés dans la boutique spécialisée, mais aussi des fabrications maisons. Les éditions Kana distribuent des masques en carton sur certains salons autour de 2007.

3 - Comme exemple, on peut citer Eden, un fanzine hors-série de l’association Kitsune qui faisait Chun li’s. Ce numéro contenait des BD non retenues par le jury du concours Tsuki.

4 - Notamment parce qu’en convention, on se faisait des amiEs qui acceptaient de nous héberger.

5 - Car oui, quasiment toutes les conventions font payer le stand aux fanzineux, sauf l’EPITA qui offrait le stand sous réserve de passer une pub dans les pages du fanzine et des festivals en région. Je me souviens que pour Cartoonist Paris cela s’élevait à environ 75 € pour un petit module. Le prix moyen doit être autour de 50€.

6 -  Difficile de connaître les dates d’inscriptions lorsqu’on n’a jamais participé.

7 - Je n’ai pas voulu m’attarder dans le texte sur cette anecdocte, mais là, puisque je suis en note de bas de page, je vais donner quelques détails de plus sur cette affaire. En vérité, c’est moi qui était à l’origine de cette idée. Dans l’année, je recontre un gars de l’EPITA. Je lui explique mon point de vue sur l’absence de regard des festivals sur les fanzines et sur le fonctionnement du festival de BD de St Malo (que nous avions découvert avec mon asso). Quelques mois plus tard, je découvre qu’il a effectivement décidé d’appliquer ce système, mais sans aucune communication sur les critères mis en place. Évident, moi, je n’ai pas eu de stand… Et on s’est beaucoup insulté par mail ! Tous les fanzineux avec qui j’ai discuté ensuite trouvaient cette « réforme » scandaleuse.

8 - Cartoonist Paris à la Villette en 2002, je crois… Un souvenir incroyable ! Le festival était à cheval sur deux salles. Les visiteurs devaient faire la queue à l’entrée de chaque salle. Du coup, on a fait tourner les badges plus que d’habitudes… Les vigiles s’en sont rendu compte et ont exigé des pièces d’identités en plus. Du coup, des exposants se sont retrouvés coincés dehors pendant des heures.

9 - Selon Rézine n°5 (1998)

10 - Toujours selon le super convertisseur INSEE (https://www.insee.fr/fr/information/2417794 ), cela équivaut à environ 99 € aujourd’hui.

11 - Selon Ikari no Ryu.

12 - Comiket 98 : The very Best of par D.fender dans Ikari no Ryu n°3, automne 1998

13 - 119,91 Euros selon le convertisseur de l’INSEE

14 - Même si je dois bien avouer que Cartoonist Paris m’a permis de vivre des expériences cocasses qui me font bien marrer aujourd’hui...

15 - Du coup, si vous avez bien suivi mon récit, vous savez que je ne connais pas personnellement Olivier Gilbert, que je n’ai jamais eu affaire à lui.

16 - C’est un jugement personnel, mais je trouve le livre d’Olivier Gilbert impudique et je suis gênée parce qu’il ne paraît pas se rendre compte qu’il exhibe son statut de privilègié (école privée, culture familiale, les magazines japonais qui coûtent si chers, mais heureusement, cela lui laisse assez d’économies pour payer une traductrice pour retranscrire les textes en français …).

17 - Un événement de BD Franco-belge parisien qui a eu 2 éditions à ma connaissance...

18 - p.172 de son livre

19 -http://www.festivalharajuku.org/ consulté le 27/02/2019

20 - Il était souhaitable de prendre conscience de la boulette assez tôt car même si les copies étaient inutilisables, il fallait les payer !

21 - -Encyclopédie participative en ligne crée en 2001